Salta al contenuto principale

L'apparition

Un film di Xavier Giannoli

Anna, la bouleversante héroïne de L’Apparition, affirme, elle, avoir vu la Vierge Marie lui apparaître dans les Alpes. La jeune novice au visage d’ange (Galatéa Bellugi, extraordinaire révélation) le dit avec douceur mais détermination : « Je ne suis pas une menteuse. » Son confesseur la croit. Des milliers de pèlerins, aussi, qui affluent sur le lieu de l’apparition. Mais les autorités ecclésiastiques renâclent : « L’Eglise préférera toujours passer à côté d’un véritable miracle plutôt que de reconnaître une imposture », reconnaît un jeune prêtre. Le Vatican lance, donc, une enquête canonique chargée de vérifier les dires d’Anna. Et recrute pour cette tâche un journaliste, revenu traumatisé d’un reportage de guerre où son meilleur ami, un photographe, est mort. Quand un cardinal lui demande s’il est croyant, Jacques (Vincent Lindon) répond : « Je crois qu’il y a peut-être quelque chose, mais je ne suis pas pratiquant. » Il commence ses recherches en sceptique obnubilé par la recherche « des preuves visibles, des images de la vérité ». Mais l’ampleur du culte qui se développe autour de la nouvelle Bernadette Soubirou et l’attitude de la jeune fille ébranlent ses certitudes.

Con Vincent Lindon Galatéa Bellugi Patrick d'Assumçao

Produzione: Francia , 2018 , 137min.

L'APPARITION Bande Annonce (2018 )

Xavier Giannoli prend le terme d’enquête au pied de la lettre. L’Apparition possède toutes les qualités d’un bon polar, avec ses interrogatoires, ses secrets, ses révélations et des rebondissements qui entretiennent le suspense jusqu’à l’épilogue. Mais le film, d’une ampleur romanesque peu commune dans le cinéma français d’aujourd’hui, est aussi une réflexion passionnante sur la foi. Sur le don de soi et l’abandon qu’elle implique, comme sur la manière de la vivre dans le chaos du monde contemporain. Le cinéaste filme en agnostique, jamais méprisant pour les fidèles en adoration devant la « voyante ». Il ne ridiculise pas non plus Borodine, le curé rebelle (Patrick d’Assumçao, grand second rôle), qui surprotège Anna en confident jaloux. Ni ne condamne Anton, (Anatole Taubman), l’homme d’Eglise dévoyé par l’argent et la notoriété, mais dont la foi semble sincère.

Le film part du réel pour tendre vers le spirituel, alternant l’énergie et l’élégie. A la précision quasi documentaire des séquences d’enquête répond l’élévation métaphysique des musiques d’Arvo Pärt et de Georges Delerue (1) . C’est par une mise en scène attentive à la beauté des corps, à leur fragilité aussi, que L’Apparition approche les mystères de l’âme. Dans un plan-séquence intense de quatre minutes, où elle est seule à l’écran, le visage de Galatéa Bellugi irradie, comme habité par la grâce. Et quand la jeune fille, au bout de la souffrance, dépassée par le phénomène qu’elle a involontairement déclenché, fugue dans la nuit, Xavier Giannoli filme ses pauvres chaussures dans la chambre vide — comme le faisait Alain Cavalier dans le magnifique plan final de Thérèse, consacré à la petite sainte de Lisieux.

Les scènes entre Anna, la jeune voyante mystique, et Jacques, le journaliste sceptique, propulsent le film à des sommets. « Il y a trop de colère en vous pour accepter ce que j’ai vu », lui déclare-t-elle. Avant, quelques minutes plus tard, de prendre la tête du vieux baroudeur meurtri dans ses mains consolantes, comme une reine thaumaturge. Une faiseuse de miracles… Vincent Lindon, au diapason de sa jeune partenaire, fait passer toutes les émotions par son simple regard. La douleur, la sidération, le doute… Et, in fine, l’acceptation apaisée de ce doute, la certitude de ne jamais connaître toutes les réponses. La psychiatre de la commission d’enquête l’avait prévenu : « La foi est un choix libre et éclairé. Avec une preuve, il n’y aurait plus de mystère »